Actualités, Élections|

Le 28 juin prochain deux listes se présentent aux élections municipales de Bouguenais : Respiration Démocratique avec Sandra Impériale, et Gauches Écologistes et Solidaires rassemblant Bouguenais en Communs, Bouguenais Écologie 2020 et BASE (Bouguenais Avenir Solidaire et Écologique).
 
Cette lettre s’adresse à toutes celles et ceux qui s’interrogent sur le choix de cette alliance des forces de gauche.
 
BASE est la suite élargie et fructueuse de BAS qui a été dans l’opposition de la majorité PS/PC pendant 6 ans.
La rotation des élu·es nous a permis de nous former, de partager les responsabilités, d’être plus nombreux et nombreuses à comprendre de l’intérieur les façons dont une municipalité fonctionne. Etre dans l’opposition est fatigant. Pour 2020, nous voulions être dans la majorité ou pas du tout. 
 
Peut-être justement parce qu’il y avait de la fatigue, nous ne nous sommes pas lancé·es très tôt dans la campagne, et nous avons été tardivement rejoint·es. Ce manque de temps a joué dans les décisions que nous avons prises. 
 
Avec l’arrivée des Gilets Jaunes, de Bouguenais Gauche Commune, de certains membres des Verts et de citoyens et citoyennes bien décidé·es à faire de la politique autrement, nous nous sommes senti pousser des ailes. Même si nos programmes étaient proches, nous n’avons pas fait liste commune avec les Verts. Nous avions pour notre part signé·es la charte de l’élu·e qui stipule notamment que nous refusons plus de deux mandats consécutifs. Joël Castex, tête de liste de Bouguenais Écologie 2020, avait déjà fait trois mandats dont deux consécutifs. Parce que nous voulions être en congruence totale, cet élément est devenu non négociable (Patrick Nicolon qui est sur notre liste n’est pas allé au bout de son deuxième mandat). À partir de là, les Verts ont décidé de présenter une liste à part.
 
Forts de notre bilan conséquent publié dans le dernier Bass’cour, et galvanisé·s par les personnes nouvellement arrivées qui n’en revenaient pas du travail accompli (décisions en assemblées générales, fonctionnement horizontal, connaissance des dossiers, rédaction de textes, organisations d’événements, répartition du travail, enquêtes de terrain…), nous avions espoir d’arriver en tête des listes de gauche.
Nous avions aussi l’intuition que Sandra Impériale ferait un meilleur score que 6 ans auparavant. Nous avons donc d’emblée exclu la possibilité d’une triangulaire. C’est pourquoi nous avons annoncé que si nous étions deuxième des listes de gauche, nous nous retirerions.
 
Nous avons travaillé d’arrache pied.
 
Et puis le COVID 19 est arrivé. Le premier tour des élections municipales a été maintenu dans des conditions contestables. Il y a eu une faible mobilisation.
Résultats : 42 % pour Respiration Démocratique / 22% pour Bouguenais en Communs / 21% pour BASE / 15% pour Bouguenais Écologie 2020.
 
Pas d’analyse détaillée ici de ces résultats, mais tandis que nous vivions une sorte de sidération liée au confinement décrété le lendemain, plusieurs attitudes se sont manifestées dans notre groupe. Certain·es ont considéré qu’on était arrivé deuxième, que donc on se retirait, et sont passés à autre chose. Certain·es ont compris que l’écart entre la première liste de gauche et la deuxième liste n’était que de 70 voix… À l’échelle d’une ville de 20 000 habitant·es, cela représente un cheveu ! D’autres qui connaissent bien Bouguenais et son histoire fortement ancrée à gauche ont réalisé que le score de Sandra Impériale pouvait lui permettre de devenir maire, et que cela ils ne le voulaient pas pour la commune.
Abasourdi·es nous l’étions.
Nous avons commencé à réaliser que les engagements de notre programme ne verraient pas le jour. Et aussi que les bouguenaisines et bouguenaisiennes n’étaient pas prêt·es à faire le pas d’élire une liste citoyenne.
 
Bouguenais en Communs nous a fait assez vite un appel du pied. Les Verts également.
Le COVID 19 venait accentuer la nécessité d’une transition écologique, un besoin d’aller vers une autonomie alimentaire, la nécessité d’une prise en compte des situations les plus précaires et d’une solide offre de services publics, l’urgence d’aller vers une société solidaire et non autoritaire, et d’avoir les moyens de changer les choses, l’envie de participer à l’émergence de forces contestataires au sein des institutions… Et puis des témoignages de bouguenaisiens et bouguenaisiennes qui nous encourageaient à tenir compte du score relativement honorable que nous avions fait : « vous ne pouvez pas nous laisser tomber! »
Alors sont arrivées une flopée de questions : que vont penser les électeurs et électrices qui ont voté pour nous si on fait alliance ? Vont-ils approuver ? Vont-ils nous tourner le dos ? Sommes-nous vraiment en mesure de composer avec les deux autres listes de gauche ? Nos différents sur l’aéroport, l’urbanisme, la vie démocratique permettent-ils d’imaginer une alliance sans se compromettre ? Nous qui voulons faire de la politique autrement, où situons-nous notre ligne rouge à ne pas dépasser ? Et si on tente une négociation, qu’est-ce qu’on exige ? Qu’est ce qu’on estime être des indépassables ? Et au niveau de notre équipe soudée et joyeuse, qui a envie de poursuivre l’aventure avec des paramètres aussi différents ? 
 
Comme à notre habitude, nous avons débattu, dès que nous avons pu nous retrouver physiquement (même si cela avait commencé déjà par Visio pour une partie d’entre nous).
Nous sommes passés par tous nos états. Nous qui nous engageons pour pouvoir concrètement changer les choses, nous étions pris dans des négociations politiques avec lesquelles nous ne sommes pas à l’aise.
 
Après maintes tergiversations, nous avons majoritairement accepté cette alliance si elle nous permettait de mettre en place une bonne partie de notre programme sur les questions d’urbanisme, sur les services publics, sur la transition écologique et sur les liens avec Nantes Métropole. Agnès Bellorgey, tête de liste de BASE, serait élue communautaire.
Les négociations se sont passées dans une ambiance constructive qui nous permettent d’envisager les 6 ans à venir sous de bons hospices. 
 
Bien sûr, nous savons que tout cela est ténu, que c’est l’intérêt général qui nous meut, mais que nos limites personnelles aux compromis nous emmènent parfois dans des tiraillements inconfortables. C’est ça « composer ». Et c’est aussi ça la réalité de la vie d’une commune.
BASE est un groupe vivant, et le pari que nous sommes en train de faire est porté collectivement. Nous assumons nos positions, et nous savons reconnaître quand nos choix stratégiques ne portent pas leur fruit. Avec du recul, c’est ce que nous pouvons dire concernant le premier tour. Mais pouvions-nous le savoir avant ?
 
Ce que nous faisons nous le faisons avec une grande sincérité.
Nous acceptons aujourd’hui de mettre un peu de souplesse dans nos postures, sans pour autant vendre nos âmes.
Accepterez-vous de nous soutenir dans cette démarche ?
 
Avec tout notre dévouement,
Les membres de BASE.

One Reply to “Lettre à nos ami·es”

  1. Francis PRIOU dit :

    très bonne réflexion,en accord avec votre décision.bon courage après la victoire !

Laisser un commentaire

Close Search Window